Les charges financières (comptes 66)
Afin de financer les besoins générés par leur activité, les entreprises ont souvent recours à un mode financement. Elles peuvent s’endetter auprès des établissements de crédit (emprunts bancaires), se financer à l’aide de sommes mises à la disposition par les associés (compte courant d’associé), obtenir des escomptes sur les paiements qu’elles effectuent à leurs fournisseurs (pour cause de règlement anticipé, c’est-à-dire avant l’échéance fixée par le fournisseur) ou encore « mobiliser » leurs créances commerciales. En comptabilité, les sommes générées par ces moyens de financement ont un impact sur le compte de résultat : ce sont des charges financières.
1. Les charges d’intérêts (compte 661)
A. Les intérêts des emprunts et dettes (compte 6611)
Lorsqu’une entreprise s’endette auprès d’une banque, les sommes mises à sa disposition sont rémunérées par un taux d’intérêt plus ou moins élevé, et, à taux fixe ou variable. Une échéance de remboursement d’emprunt comprend donc :
- une partie consacrée à l’amortissement du capital (qui ne doit pas figurer dans le compte de résultat mais dans le bilan, dans un compte de la classe 1)
- une autre destinée à rémunérer le prêteur : il s’agit les intérêts (c’est leur montant qui est comptabilisé en 66116)
Remarque : l’éventuelle assurance décès souscrite lors de la réalisation du prêt doit être enregistrée dans un compte de charge externe (compte 61).
Une entreprise peut également emprunter des sommes d’argent à des entreprises dans lesquelles elle détient des participations (voir notre article sur les immobilisations financières). Dans ce dernier cas, les intérêts liés à cette dette doivent être enregistrés en compte 66117 « intérêts des dettes rattachées à des participations ».
B. Les intérêts des comptes courants et des dépôts créditeurs (compte 6615)
Lorsqu’un associé d’une société met à la disposition de cette dernière des sommes d’argent autres que celles qu’il a déjà apporté au capital (on parle d’apport en compte courant), la société peut, sous réserve de respecter certaines conditions, rémunérer ces sommes à un taux d’intérêt convenu entre les parties. Cette rémunération n’est pas obligatoire.
Remarque : fiscalement, cette pratique est autorisée sous réserve de ne pas dépasser un taux maximal déductible (qui est, par exemple, fixé à 3,39 % pour les exercices de douze mois clos au 31 décembre 2012). De plus, l’opération doit être effectuée dans l’intérêt de l’entreprise et elle doit être nécessaire (il ne faut pas rémunérer ces sommes si l’entreprise dispose, par exemple, d’une situation de trésorerie confortable car le placement serait considéré comme sans intérêt pour l’entreprise).
C. Les intérêts bancaires et intérêts sur opérations de financement (compte 6616)
Cette rubrique comprend de nombreux frais financiers :
- les intérêts débiteurs (ou agios bancaires) :
Lorsqu’une entreprise est à découvert (en comptabilité, on parle de concours bancaire courant ou de facilité de caisse), elle dispose d’un moyen de paiement alors que son solde bancaire est négatif. Cette avance est, bien évidemment, rémunérée. La banque facture, en contrepartie, des intérêts débiteurs et agios.
- les intérêts d’escomptes :
Lorsqu’une entreprise possède des créances commerciales, elle peut avoir recours à l’escompte bancaire : c’est une opération par laquelle elle transmet la propriété de sa créance à sa banque qui, en retour, lui met à la disposition le montant de cette créance moins sa rémunération (intérêt).
Les frais d’escompte, correspondant donc aux intérêts précomptés rémunérant la période séparant la date règlement de la banque à l’entreprise et la date d’échéance de la créance commerciale.
Remarque : il en est de même concernant les opérations de cessions de créances professionnelles (dites « mobilisations loi Dailly« ) ou celles portant sur la lettre de change relevé magnétique (LCR).
D. Les intérêts des autres dettes (compte 6618)
Ce compte reprend notamment les intérêts des dettes commerciales et les intérêts des dettes diverses. Il s’agit principalement des pénalités pour paiement tardif infligées par les fournisseurs et indemnité forfaitaire pour frais de recouvrement. Ces indemnités constituent, chez le client qui les subit, une charge financière.
2. Les pertes sur créances rattachées à des participations (compte 664)
Les créances irrécouvrables liées à des participations (en immobilisation financière) sont à comptabiliser en 664 « Pertes sur créances liées à des participations ».
3. Les escomptes accordés (compte 665)
Lorsqu’une entreprise paie un de ses fournisseurs avant la date prévue dans les conditions générales de vente, elle peut bénéficier (sous réserve que le fournisseur le mentionne dans ses conditions générales de vente) d’une réduction de prix pour paiement anticipé. Il s’agit d’un escompte financier qui doit être enregistré en compte 665 « escomptes accordés ».
4. Les pertes de change (compte 666)
Lorsqu’une entreprise qui réalise du commerce à l’étranger (et en devises étrangères comme le dollars US ou la livre sterling par exemple) ne bénéficie pas d’une couverture de change, elle est soumise au risque de change. Ainsi, elle encoure le risque d’un décaissement plus important ou d’une entrée d’argent moins importante, qui est du à la fluctuation du cours des monnaies.
En comptabilité, lorsqu’une facture est émise en devise étrangère, elle doit être convertie en euros au cours du jour de sa date d’émission. Lors du paiement ou de l’encaissement, le cours de la devise peut être différent de celui en vigueur lors de l’émission :
- si l’entreprise doit décaisser en euros une somme plus importante qu’elle n’aurait décaissée si elle avait payé sa facture lors de la date d’établissement (ou si elle a encaissé une somme moindre que prévue) : elle subit une perte de change qu’elle doit enregistrer en compte 666
- Si, à l’inverse, elle décaisse une somme moins important (ou encaisse une somme plus conséquente) : elle bénéficie d’un gain de change (à comptabilité au 766).
5. Les charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de placement (compte 667)
Lorsque l’entreprise vend des valeurs mobilières de placement (couramment appelées VMP) et que cette cession est génératrice d’une perte (c’est-à-dire que : produits perçus de la vente – frais de cession de titre – valeur d’achat de VMP < 0), elle doit enregistrer cette dernière au débit du compte 667.
6. Les autres charges financières (compte 668)
Il peut arriver qu’une entreprise, désireuse d’encaisser immédiatement une ou plusieurs de ses créances, ait recours à l’affacturage : ce service se matérialise par une convention dans laquelle l’entreprise transfère la totalité de ses créances commerciales à un « factor » contre le règlement de leur montant, sous déduction de commissions et d’agios perçus par ce dernier. Ainsi, la propriété de la créance (et notamment le risque de défaillance du client) est transférée au « factor » (qui se rémunère tout de même pour le risque qu’il prend). L’affacturage est une forme de mobilisation de créances.
La commission d’affacturage qui rémunère des services de gestion comptable, de recouvrement et de garantie de bonne fin doit être enregistrée en compte 6225 « rémunérations d’affacturage ».
La commission de financement représentant le coût du financement anticipé doit, quant à elle, être portée au débit du compte 668 « autres charges financières ».
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2 commentaires
Deyine Mohamedou
Très intéressant
Franck
Magnifique article, un immense merci pour cette clarté !