Amortissement linéaire ou dégressif : comment choisir ?
De nombreuses entreprises hésitent à amortir leur immobilisations selon le mode linéaire ou selon le mode dégressif. Compta-Facile apporte concrètement une réponse à la question : comment choisir entre l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif ?
En cas de besoin, voici un lien vers une publication qui présente l’amortissement de façon générale (définition, durée, calcul et limites) ⇒ les amortissements comptables.
Choisir l’amortissement linéaire
Principes de base de l’amortissement linéaire
L’amortissement linéaire consiste à répartir de manière égale les dépréciations d’une immobilisation sur sa durée de vie réelle. Il est également appelé « amortissement constant ».
Fiscalement, c’est le mode normal d’amortissement. D’ailleurs, il représente le montant d’amortissement minimum qu’une entreprise est tenue de constater dans ses comptes chaque année.
Calcul de l’amortissement linéaire
Pour calculer un amortissement linéaire, il convient d’appliquer un taux d’amortissement à la base amortissable du bien concerné.
Le point de départ de l’amortissement linéaire est fixé à la date de mise en service du bien. Lorsque celle-ci intervient en cours de mois, il y a lieu d’appliquer un prorata temporis en jours rapporté sur une année de 360 jours.
Puis, au titre des années « pleines » :
Exemple d’amortissement linéaire
Une entreprise dont l’exercice comptable est clôturé le 31 décembre de chaque année achète le 1er juillet N du matériel industriel pour 60 000 euros. Elle souhaite l’amortir selon le mode linéaire pour une durée de 5 années (taux d’amortissement de 20% soit 1/5).
Date de début | Date de fin | Calcul de l’amortissement | Montant |
01/07/N | 30/06/N+1 | 60 000 x (180/360) x 20% | 6 000 € |
01/07/N+1 | 30/06/N+2 | 60 000 x 20% | 12 000 € |
01/07/N+2 | 30/06/N+3 | 60 000 x 20% | 12 000 € |
01/07/N+3 | 30/06/N+4 | 60 000 x 20% | 12 000 € |
01/07/N+4 | 30/06/N+5 | 60 000 x 20% | 12 000 € |
01/07/N+5 | 30/06/N+6 | 60 000 x (180/360) x 20% | 6 000 € |
Choisir l’amortissement dégressif
Principes de base de l’amortissement dégressif
L’amortissement dégressif n’a que très rarement une justification « économique ». Il s’agit, en réalité, d’un avantage fiscal accordé aux entreprises. Il permet d’amortir très fortement une immobilisation au début de son utilisation.
Fiscalement, l’amortissement dégressif ne peut être pratiqué que sur des immobilisations non usagées au moment de leur acquisition et dont la durée normale d’utilisation est de trois ans au minimum. Certaines immobilisations en sont exclues ; c’est notamment le cas des véhicules de tourisme.
Calcul de l’amortissement dégressif
Pour calculer un amortissement dégressif, il est nécessaire de déterminer, au préalable, un taux d’amortissement dégressif :
Voici le montant du coefficient fiscal à appliquer en fonction de la durée d’amortissement :
Durée d’amortissement | Valeur du coefficient |
Entre 3 et 4 ans | 1,25 |
Entre 5 et 6 ans | 1,75 |
Plus de 6 ans | 2,25 |
Le taux d’amortissement, quant à lui, se calcule avec la durée normale d’utilisation (et non la durée réelle d’utilisation). Il s’agit des durées d’amortissement fiscalement admises.
Le point de départ de l’amortissement dégressif est fixé, en comptabilité, à la date de mise en service du bien. Fiscalement, il faut retenir le premier jour du mois de son acquisition. Par ailleurs, pour le décompte de durée totale d’amortissement, l’exercice au cours duquel l’immobilisation est achetée est décompté pour une année entière même si l’acquisition a lieu en cours d’année.
Ensuite, il est possible de calculer le montant de l’amortissement dégressif :
Chaque année, le taux d’amortissement est appliquée à la valeur résiduelle (et non à la valeur d’entrée de l’immobilisation, contrairement à ce qui est prévu pour l’amortissement linéaire) :
Enfin, lorsque l’amortissement dégressif constaté au titre d’une année devient inférieure à l’amortissement correspondant au quotient de la valeur résiduelle par le nombre d’années restant à courir à compter de l’ouverture de l’exercice, l’entreprise doit appliquer la méthode de l’amortissement linéaire sur la valeur nette comptable.
Précision : lorsque l’amortissement dégressif ne reflète pas à l’utilisation réelle de l’immobilisation, le surplus d’amortissement ainsi constaté doit être enregistré en amortissement dérogatoire ; sauf si l’entreprise ne dépasse pas deux des trois seuils suivants :
- Total du bilan = 4 000 000 euros,
- Montant du chiffre d’affaires hors taxes = 8 000 000 euros,
- Nombre de salariés = 50.
Exemple d’amortissement dégressif
Reprenons l’exemple ci-dessus et appliquons-y la méthode de l’amortissement dégressif. Voici le plan d’amortissement selon cette méthode :
Année | Valeur résiduelle | Amortissement | Cumul |
30/06/N+1 | 60 000 | 10 500 (1) | 10 500 |
30/06/N+2 | 49 500 (2) | 17 325 | 27 825 |
30/06/N+3 | 32 175 | 11 261 | 39 086 |
30/06/N+4 | 20 914 | 10 457 (3) | 49 543 |
30/06/N+5 | N/A | 10 457 | 60 000 |
30/06/N+6 | N/A | 0 | 60 000 |
(1) 60 000 x 1,75 x (1/5) x (6/12)
(2) 60 000 – 10 500
(3) l’amortissement fiscal théorique (20 914 x 1,75 x 20% = 7 320) est inférieur au quotient de la valeur résiduelle sur la durée restant à courir (20 914 x (1/2) = 10 457). Il convient donc de lisser la valeur nette comptable sur la durée restante.
Comparaison entre l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif
Voici la synthèse des deux méthodes d’amortissement (amortissement linéaire vs amortissement dégressif) :
Année | Amort. Linéaire | Amort. Dégressif | |
30/06/N+1 | 6 000 | 10 500 | 4 500 |
30/06/N+2 | 12 000 | 17 325 | 5 325 |
30/06/N+3 | 12 000 | 11 261 | – 739 |
30/06/N+4 | 12 000 | 10 457 | – 1 543 |
30/06/N+5 | 12 000 | 10 457 | – 1 543 |
30/06/N+6 | 6 000 | 0 | – 6 000 |
Total | 60 000 | 60 000 | 0 |
Les écarts apparaissent clairement : l’amortissement dégressif est beaucoup plus important que l’amortissement linéaire au cours des deux premières années d’amortissement de l’immobilisation puis, dès la troisième année, la situation s’inverse.
Critères de choix entre l’amortissement linéaire et dégressif
Tout d’abord, il est important de souligner que la méthode d’amortissement doit refléter de la manière la plus fidèle qu’il soit la dépréciation effective des biens concernés. Elle doit correspondre à l’utilisation réellement faite du bien. Cela étant dit :
- L’amortissement linéaire présente l’indéniable avantage de la constance : la valeur de l’immobilisation est répartie de manière égale sur sa durée d’utilisation réelle ;
- L’amortissement dégressif permet de bénéficier d’un avantage fiscal majoré au début de l’utilisation de l’immobilisation (en d’autres termes, il permet, dans un premier temps seulement, de payer moins d’impôts).
Enfin, il faut avoir à l’esprit que l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif ne constituent pas les seuls modes d’amortissements autorisés en comptabilité. Il est tout à fait concevable d’amortir des immobilisations au moyen d’autres méthodes – comme la méthode des unités d’œuvres, la méthode de l’amortissement croissant, etc. – si elles correspondent effectivement au rythme de consommation des avantages économiques futurs.
Impacts du choix de la méthode d’amortissement
La décision d’opter pour le mode d’amortissement linéaire ou le mode d’amortissement dégressif représente une décision de gestion. Une fois adoptée, il est impossible de passer du mode linéaire au mode dégressif fiscal ultérieurement.
Par ailleurs, la méthode d’amortissement choisie doit être appliquée pour toutes les immobilisations de même nature et présentant des conditions d’utilisation similaires.
A lire également sur le thème des amortissements :
- La définition de l’amortissement,
- Les durées d’amortissement,
- Le calcul d’un amortissement,
- La révision d’un plan d’amortissement.
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