Comment calculer un amortissement ?
En comptabilité, la plupart des immobilisations corporelles ainsi que quelques immobilisations incorporelles font l’objet d’un amortissement. Cette technique comptable vise à répartir le coût du bien sur une certaine durée. Le montant de l’amortissement dépend de différentes variables et son calcul peut parfois paraître complexe. Compta-Facile vous présente une publication consacrée au calcul de l’amortissement et qui détaille chacune des étapes à suivre, à savoir :
- Identifier la durée réelle d’utilisation du bien
- Déterminer le taux d’amortissement
- Évaluer l’annuité d’amortissement
- Corriger la première ainsi que la dernière annuite
Aucune méthode d’amortissement n’étant interdite en comptabilité, il en existe une multitude. Toutefois, nous ne présenterons que les calculs d’amortissement issus des méthodes les plus utilisées en pratique ; à savoir l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif. Un article séparé aborde le cas particulier de l’amortissement par unités d’oeuvre.
1ère étape du calcul d’un amortissement : rechercher la durée d’utilisation de l’immobilisation
Pour chaque bien répondant à la définition d’une immobilisation (et amortissable), il convient de rechercher sa durée réelle d’utilisation. Cette donnée, propre à chaque entreprise et pouvant varier pour des biens de même nature, prend en compte de nombreuses variables : fréquence d’utilisation, comportement vis-à-vis de l’obsolescence, durée de conservation…
Cette estimation pouvant causer quelques difficultés, la législation autorise les petites et moyennes entreprises (PME) à ne pas rechercher les durées réelles d’utilisation de ses immobilisations non décomposables. Ces dernières peuvent utiliser les durées d’usage admises en fiscalité. Les voici, à titre indicatif :
- Bâtiments : entre 20 et 50 ans,
- Agencements et installations : entre 10 et 20 ans
- Matériels : entre 7 et 10 ans,
- Outillages et matériels de bureau : entre 5 et 10 ans,
- Matériels de transport : 4 ou 5 ans,
- Mobiliers : 10 ans,
- Brevets : 5 ans,
- Matériels informatiques : 3 ans.
Une « PME » est ici une société ne dépassant pas deux des trois seuils : 4 000 000 € de total bilan, 8 000 000 € de chiffre d’affaires et 50 salariés.
2ème étape du calcul d’un amortissement : obtenir le taux d’amortissement du bien
L’entreprise doit ensuite calculer le taux d’amortissement de chaque immobilisation. Ce taux dépend de la durée d’amortissement obtenue précédemment. Lorsque l’amortissement linéaire est utilisé, le taux d’amortissement s’obtient très rapidement :
Si l’entreprise a recours au mode dégressif, elle doit multiplier le taux d’amortissement par un coefficient fiscal :
Taux d’amortissement dégressif = Coefficient dégressif × [ 1 / Durée d’usage fiscale ]
Le coefficient s’élève à 1,25 (pour une durée d’amortissement de 3 ou 4 ans), 1,75 (durée d’amortissement de 5 ou 6 ans) ou à 2,25 (durée d’amortissement supérieure à 6 ans).
Le taux d’amortissement représente une variable fondamentale du calcul de l’amortissement.
3ème étape du calcul d’un amortissement : chiffrer l’annuité d’amortissement théorique
Avant de calculer le montant de l’amortissement, il convient de comprendre comment y parvenir. Des différences existent dans les modalités de calcul selon le mode d’amortissement retenu. En voici une synthèse :
Donnée | Amortissement linéaire | Amortissement dégressif |
Base amortissable | Valeur brute – Valeur de revente | Valeur nette comptable |
Point de départ des amortissements | Date de mise en service | Premier jour du mois d’acquisition |
Prorata temporis | En jours | En mois |
Durée d’amortissement | Sur la durée réelle d’utilisation | L’exercice d’acquisition compte pour une année |
Cela étant dit, un amortissement linéaire se calcule comme suit :
Tandis qu’un amortissement dégressif est obtenu à l’aide du calcul suivant :
S’agissant de l’amortissement dégressif, il est important de préciser qu’un changement intervient au cours du processus d’amortissement. En effet, lorsque l’annuité dégressive d’amortissement devient inférieure à l’annuité correspondant au quotient de la valeur résiduelle par le nombre d’années d’utilisation restant à courir, l’entreprise peut pratiquer un amortissement égal à cette dernière annuité.
Un bien étant rarement acquis au premier jour de l’ouverture d’un exercice comptable (ou au cours du premier mois), certains retraitements s’avèrent nécessaires.
4ème étape du calcul d’un amortissement : affiner le montant de certaines annuités
L’amortissement linéaire d’un bien commence dès sa mise en service. Par conséquent, la première annuité d’amortissement doit être réduite de la fraction correspondant à la période pendant laquelle le bien n’a pas été utilisé. L’amortissement s’obtient en rapportant le nombre de jours d’utilisation à 360 (on parle de « prorata temporis »).
L’amortissement dégressif, quant à lui, débute au premier jour du mois d’acquisition du bien. Le prorata se calcule en mois et la première année compte pour une unité entière même si l’acquisition a lieu en cours d’année. Par ailleurs, lorsque l’amortissement dégressif n’est pas justifié en comptabilité :
- Les amortissements justifiés économiques sont comptabilisés dans les comptes de dotations aux amortissements,
- Et la fraction d’amortissements excédentaires est portée en amortissements dérogatoires.
Une fois que les amortissements ont été calculés, il convient de construire le tableau d’amortissement de l’immobilisation.
Exemple de calcul d’amortissement
Un exemple permettra de bien illustrer nos propos. Prenons le cas suivant et calculons les amortissements linéaires et dégressifs : une entreprise, dont l’exercice comptable coïncide avec l’année civile, fait l’acquisition le 15/07/N d’un matériel industriel pour 30 000 euros hors taxes. Elle l’utilisera pendant 5 ans.
Calcul des annuités d’amortissement linéaire
Le taux d’amortissement linéaire s’élève à 20 % (1 / 5). Voici le plan d’amortissement linéaire ainsi que le détail des calculs :
Date de début | Date de fin | Amortissement | Détail du calcul |
15/07/N | 31/12/N | 2 750 | 30 000 × 20 % × 165/360 |
01/01/N+1 | 31/12/N+1 | 6 000 | 30 000 × 20 % |
01/01/N+2 | 31/12/N+2 | 6 000 | 30 000 × 20 % |
01/01/N+3 | 31/12/N+3 | 6 000 | 30 000 × 20 % |
01/01/N+4 | 31/12/N+4 | 6 000 | 30 000 × 20 % |
01/01/N+5 | 31/12/N+5 | 3 250 | 30 000 × 20 % × 195/360 |
Calcul des annuités d’amortissement dégressif
Le taux d’amortissement dégressif se monte à 35 % [ 1,75 × (1 / 5) ]. Voici le plan d’amortissement dégressif :
Date de début | Date de fin | Amortissement théorique | Valeur résiduelle | Rapport VR/nombre d’années | Amortissement définitif |
01/07/N | 31/12/N | 5 250 (30 000 × 35 % × 6/12) | 24 750 (30 000 – 5 250) | 4 950 (30 000 / 5) | 5 250 |
01/01/N+1 | 31/12/N+1 | 8 663 (24 750 × 35 %) | 16 087 (24 750 – 8 663) | 4 022 (24 750 / 4) | 8 663 |
01/01/N+2 | 31/12/N+2 | 5 630 (16 087 × 35 %) | 10 457 (16 087 – 5 630) | 3 486 (16 087 / 3) | 5630 |
01/01/N+3 | 31/12/N+3 | 3 660 (10 457 × 35 %) | 6 797 (10 457 – 3 660) | 5 229 (10 457 / 2) | 5 229 |
01/01/N+4 | 31/12/N+4 | 2 379 (6 797 × 35 %) | 4 418 (6 797 – 2 379) | 5 229 (5 229 / 1) | 5 229 |
01/01/N+5 | 31/12/N+5 | 0 | 0 | 0 | 0 |
A lire également sur le même sujet :
- Qu’est-ce que l’amortissement ?
- Comment choisir entre l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif ?
- Comment calculer la base amortissable d’une immobilisation ?
- Peut-on modifier un plan d’amortissement ?
Conclusion : calculer un amortissement n’est généralement pas compliqué. Il suffit de partir sur les bonnes bases et de construire un plan d’amortissement en veillant à respecter toutes les règles applicables selon le mode d’amortissement utilisé.
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2 commentaires
GASSISSOU NOYOM junior
Très importante leçon de comptabilité pour nous les amateurs !
Papy Kumanisa
Des belles explications